Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les Découvertes d'Emma
10 décembre 2014

Castelluci - Schwanengesang D744

schwanengesang-slide2

"Ecris pour ne pas oublier tes sensations, écris!" m'a dit Estelle lorsque je lui ai parlé de mon expérience du spectacle Schwanengesang D744 de Roméo Castelluci (le fameux). Et elle avait raison, il fallait que je trouve un moyen d'extraire ces sensations de moi, de m'en détacher.
Parce que ce que j'ai vécu ce dimanche 30 novembre 2014 a été très fort, et je crois que je m'en souviendrai longtemps. Quand je vais au théâtre, j'essaye de me renseigner un minimum sur ce que je vais voir, juste pour avoir un cadre, une première idée de ce que pourra être le spectacle. Mais je ne m'attarde pas sur des critiques, des analyses qui bien souvent font tout le travail d'interprétation à ma place. Je n'aime pas le pré-mâché. Alors je ne vais pas non plus vous pré-mâcher ce spectacle, vous expliquer le pourquoi du comment de la musique de Schubert et des significations métaphysiques que Castelluci a voulu y mettre,... Non. Vous n'avez pas besoin de moi pour ça. Les spectacles les plus forts sont, pour moi, ceux qui touchent l'âme avant l'esprit, c'est pourquoi je parle de sensations, pas d'explications.

Si vous ne connaissez pas Roméo Castellucci, vous avez peut-être eu vent des scandales que certains de ses spectacles soulèvent (chrétiens radicaux  qui  jettentt des oeufs et de l'huile de vidange sur les spectateurs, etc.). Mais Castellucci n'est pas, à mon sens, dans la provocation pure et simple, contrairement à d'autres metteurs en scène contemporains dont je tairai le nom ici. Il se dégage une force d'évocation et une énergie à l'état brut de ses spectacles.

J'ai assisté, dans le cadre du festival d'Automne de cette année, à un autre de ses spectacles (Go down, Moses), qui m'a choquée, dérangée par certains aspects, mais que j'oublierai rapidement. Schwanengesang (littéralement Le chant du cygne), au contraire, parce qu'il n'est pas là où on l'attend, nous emmène ailleurs, dans un espace où nous ne maîtrisons plus grand chose. Il y a d'abord cette femme, blonde, au brushing parfait et tirée à quatre épingles, qui entre sur scène pour chanter Schubert.

chanteusecastelluci

C'est long, c'est doux. C'est inhabituel, pour du Castelluci. Et puis, peu à peu, le masque se fissure, craquèle. On entend le halètement de la femme derrière le souffle de la chanteuse, la plainte s'immisce dans le chant.

Et une autre femme entre en scène, le cygne mue, se transforme. Le chant aussi, qui devient cri. De rage, de douleur, on ne sait pas, mais au fond peu importe. A ce moment là on ne pense plus, on vit le moment. On essaye de ne pas perdre pied, de ne pas se laisser aspirer. C'est difficile, c'est fou, c'est inexplicable, mais c'est à vivre.

Je ne parle pas plus de cette deuxième femme, car c'est en elle que réside tout le mystère de cette création. Je vous avertis, c'est dur et ça remue, mais ça vaut le coup, je crois. En tout cas ça ne vous laissera pas indifférent.

A la fin du spectacle, les bravos! cotôyaient les bouh!, et cette atmosphère électrique contient pour moi toute la magie du théâtre, cet inexplicable phénomène qui prend aux tripes, qui touche l'humain au plus profond, et ce depuis des siècles. Les quelques photos que je mets ici vous permettront d'avoir un aperçu de l'atmosphère de Schwanengesang...

 

danseschwanengesang

schwannengesang

Durée : 1h

Aucune date en Province pour l'instant, mais peut-être la saison prochaine?

Publicité
Commentaires
Qui suis-je?

 

 

EmmaSchoepfer-PIED

 

 

Publicité
Publicité